SHAKES – Plusieurs épisodes sismiques ont été enregistrés dans la région de Strasbourg ces dernières semaines. Derrière ces chocs, c’est le secteur géothermique à identifier. Explication.
– Audrey Parmentier
« Vous l’avez entendu aussi? », demande une dame à ses voisins. Dans la région de Strasbourg, l’agitation remplace les commérages habituels. Ce vendredi matin, ces habitants de l’Est ont de nouveau été réveillés par des tremblements de terre de faible magnitude – soit 3,5 sur l’échelle de Richter.. « Je n’ai pas de fissure », raconte l’un des habitants, soulagé. À moins que des dommages importants ne soient déplorés, le scénario se répète régulièrement depuis des mois. Une dizaine de tremblements ont été enregistrés en deux semaines.
Un phénomène d’autant plus étrange que son origine est assez rare. Derrière les secousses, c’est la centrale géothermique de Fonroche à Vendenheim – toujours en construction – qui est remise en cause. Cet immense bâtiment, caractérisé par deux énormes tuyaux rouges, avait obtenu l’autorisation de forage en 2016. Son objectif? Fournir l’équivalent de 10 000 foyers d’électricité et 26 000 de chaleur directe.
Pour comprendre comment cette centrale géothermique a pu provoquer un tremblement de terre, nous devons commencer par comprendre son fonctionnement. Lorsque nous atteignons son sous-sol, nous observons un premier puits qui descend cinq kilomètres sous terre pour puiser de l’eau naturellement chaude. Cette chaleur est ensuite convertie en électricité et l’eau refroidie est réinjectée dans le sous-sol. C’est ici, au fond du deuxième puits, que l’épicentre du séisme a été trouvé. « C’est parce que nous mettons une pression de fluide plus élevée que celle à laquelle la roche peut supporter que nous générons cette sismicité », explique Jérôme Vergne, physicien à l’Ecole et Observatoire des Sciences de la Terre (Université de Strasbourg).
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Voilà pour l’explication générale. Sauf que les tremblements de terre causés par les centrales géothermiques sont généralement assez minimes, c’est le plus fort jamais enregistré en France. L’autre raison de ces secousses serait la nouveauté de cette centrale géothermique. « Lorsque vous arrivez sur un site, vous pouvez connaître ce type d’événement au début. Il faut prendre le temps d’apprendre le site et connaître ses fonctionnalités pour s’adapter », souligne Jean-Philippe Soulé, directeur général de Fonroche Géothermie. Selon lui, cette technologie est donc fiable mais nécessiterait quelques ajustements.
Cependant, ce n’est pas la première fois que les yeux se tournent vers cette installation, qui s’est limitée à une activité réduite en novembre 2019 après un tremblement de terre de magnitude 3,1. À l’époque, il avait été avancé que les activités géothermiques pourraient être à l’origine de ces tremblements de terre, une accusation que Jean-Philippe Soulé réfutait à l’époque. Mais après les tremblements de vendredi matin, le ton a changé. Cette fois Fonroche prend ses responsabilités, mais c’est trop pour les habitants et les élus.
Ce n’est pas un test géothermique
La préfecture du Bas-Rhin a préféré miser sur la sécurité. Il a donc ordonné la suspension de l’usine, le temps d’une enquête administrative. La procédure prendra environ un mois, a déclaré un porte-parole de Fonroche. « Il faut savoir que les deux puits sont proches, d’une part, d’un site Sevoso 2 (implantations industrielles dangereuses) et d’autre part d’une zone résidentielle dense » rappelle Michèle Kannengieser, maire (DVD), de La Wantzenau. Qui ajoute: « Il ne s’agit pas d’une expérience géothermique mais nous sommes en présence d’un puits dysfonctionnel ».
Un pilier de la transition énergétique
Du côté de l’opposition, les élus prennent moins de pincettes. Comme Jean-Philippe Vetter, président du groupe Les Républicains, qui demande d’arrêter « jouer l’apprenti sorcier « . Il a dénoncé « cécité idéologique » des écologistes élus en faveur de la centrale géothermique. Pour le moment, l’abandon du projet n’est pas à l’ordre du jour. La fermeture de cette centrale serait un coup dur pour la géothermie de Fonroche, qui a investi 90 millions d’euros dans ces équipements.
Mais ce nouveau séisme pourrait remettre en cause le principe même de ce pilier de la transition énergétique en Alsace. Dans la région de Strasbourg, la communauté avait investi dans cette technologie dès le mandat précédent, espérant atteindre les objectifs d’autosuffisance énergétique d’ici 2030. Au total, la France compte une quarantaine de centrales géothermiques, mais sa soi-disant pratique « Profond » il est encore sous-développé, avec seulement trois usines en activité.
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