A quelques dizaines de mètres au-dessus du sol, le drone planant ne passe pas inaperçu. Pour les manifestants qui commencent à se regrouper ce samedi à la porte des Lilas, au nord-est de Paris, la seule présence de ce dispositif de surveillance policière suffit à justifier l’un des deux slogans de la journée: le retrait complet de la loi «sécurité globale». « . La simple « réécriture » de son article 24, qui menace la liberté de filmer la police en action, ne suffit pas aux yeux de la coordination de plusieurs organisations de défense des droits de l’homme et syndicats à la tête du mouvement.
L’autre raison de la mobilisation est la rencontre annuelle des chômeurs et précaires, appelés à défiler par divers syndicats (CGT, Solidaires, FSU) et organisations de jeunesse. Cette année, ces abonnés aux petits boulots sous-payés seront plus oubliés que jamais depuis « Quel que soit le prix » Macronien, qui leur a laissé faire les frais de la première vague de suppressions d’emplois provoquée par la crise sanitaire.
« J’ai 60 ans et je repars de zéro avec chaque contrat », explique Malika Zediri, responsable de l’association pour l’emploi, l’information et la solidarité (Apeis). outre « Logique de l’abaissement des droits sociaux » qui remonte à il y a longtemps, en cette année de crise sanitaire et économique qu’elle veut mettre en lumière « L’urgence » pour aider les plus vulnérables: «Aujourd’hui, il est impossible d’avoir un face à face à la CAF ou à Pôle Emploi. Les perdus sont renvoyés dans le néant, seuls dans leur angoisse. Au bout d’un moment, ça suffit. «
Le secrétaire général de la CGT, Pilippe Martinez. Photo Stéphane Lagoutte.Myop for Liberation.
Dans la rue, le montage final est loin d’être incohérent aux yeux des plusieurs milliers de personnes rassemblées. Ils viennent principalement des rangs syndicaux, mais il y a aussi des gilets jaunes. «Sans droits sociaux, il n’y a pas de libertés, explique Pierre Garnodier, de la CGT Chômeurs. Qu’est-ce que la liberté pour une personne précaire? Le choix entre mourir de faim ou congeler. « Au cœur des revendications du syndicat se trouve le soutien de « 100% des chômeurs et jamais en dessous du seuil de pauvreté ».
« Connexion »
Près des montgolfières CGT, deux carrés, non syndiqués, piétinent le cortège qui peine à avancer. Derrière son masque et ses lunettes embuées, l’un d’eux explique: «Pour moi, il y a deux choses, d’une part la mobilisation contre la loi de sécurité et de l’autre la manifestation annuelle contre la précarité qui prend cette année une dimension plus importante.« . Employé dans le secteur privé, il en est à sa troisième manifestation contre l’article 24 du projet de loi, mais aussi contre d’autres dispositions de «liberté» du texte, comme l’utilisation de drones ou la possibilité d’armer la police. municipal.
Photo Stéphane Lagoutte.Myop for Liberation.
Pour elle, « il y a un lien entre les deux mobilisations, car derrière il s’agit de lutter contre la politique gouvernementale menée depuis plusieurs années ». Et qui, prévient-il, semble s’aggraver avec la crise sanitaire: «Covid cause des dommages économiques et augmente la précarité. Mais c’est surtout une opportunité pour le gouvernement de légiférer rapidement, ce qui risque d’empirer les choses ».
Un peu plus loin, sous les drapeaux du SUD, un militant tape le compteur sur le micro. Derrière, une trentaine de manifestants chantent: « Assez de chômage et de précarité « , donc, sans transition: « Et assez de l’état policier, puis bas, bas, la loi sur la sécurité. ». Derrière eux suivent en rythme trois marionnettes géantes du président de la République, du ministre de l’Intérieur et du préfet de la police de Paris. Dans les rangs du POID (Parti ouvrier indépendant et démocratique), les slogans convergent également: «Hors de Darmanin, hors de Macron. Club, club. Ils démissionnent, ils tirent ».
« Irrespirable »
«Il existe clairement un lien entre les attaques contre les droits des travailleurs et les attaques contre la démocratieexplique un activiste de POID. Les politiques de ce gouvernement forment un tout répressif, un tout anti-démocratique et anti-ouvrier. La loi sur la sécurité porte préjudice aux travailleurs, comme à tous les citoyens, car elle les prive du droit d’être informés et d’exercer ce droit s’ils le souhaitent. Mais cela menace aussi les droits de leurs travailleurs: pouvez-vous imaginer des drones venir voir ce qui se passe lors d’une grève ou d’une mobilisation des salariés? « Parmi les quelques personnalités politiques croisées dans la marche, pense le député du LFI Eric Coquerel «Le libéralisme n’a jamais produit autant d’inégalités. Il devient de plus en plus irrespirable et il y a donc de plus en plus de lois sur la sécurité pour l’appliquer. «
Photo Stéphane Lagoutte.Myop for Liberation.
Quelques dizaines de minutes plus tard, plusieurs centaines de manifestants quitteront le cortège, les yeux en larmes, pour échapper aux gaz lacrymogènes. Des violences ont ponctué le chemin assez tôt et le ministère de l’Intérieur a annoncé 22 arrestations en fin d’après-midi.
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