Il est temps de trier son tiroir d’ustensiles de cuisine. Une étude belge publiée dans le journal Food Additives and Contaminants révèle que les alternatives aux pailles en plastique à usage unique, désormais interdites en Europe, ne sont pas moins nocives pour la santé et l’environnement. Les chercheurs ont identifié la présence de substances per- et polyfluoroalkylées (Pfas), des polluants synthétiques, dans la plupart des pailles en papier, en bambou, en verre et en plastique. Ces polluants, connus pour être potentiellement dangereux pour les humains, les animaux et l’environnement, sont éternels et s’accumulent dans notre corps et dans l’environnement.
L’étude, soutenue par le Conseil flamand de la recherche et l’Université d’Anvers, a analysé 39 pailles de marques différentes, dont 20 en papier, cinq en verre, cinq en bambou, cinq en acier inoxydable et quatre en plastique. Les chercheurs cherchaient à identifier 29 polluants différents et ont constaté la présence de Pfas dans presque tous les types de pailles, à l’exception des pailles en inox. Selon Pauline Boisacq, principale autrice de l’article, « les Pfas sont plus fréquemment détectés dans les matériaux d’origine végétale, papier et bambou ». Bien que les concentrations de Pfas trouvées dans les pailles ne soient pas dangereuses en elles-mêmes, leur accumulation dans l’environnement et dans notre corps à long terme peut entraîner des cancers et des dérèglements du système immunitaire.
Il est courant de penser que les pailles en papier sont plus respectueuses de l’environnement que les pailles en plastique, mais selon Pauline Boisacq, elles sont aussi polluantes, voire plus polluantes pour le corps humain. Elle recommande plutôt l’utilisation de pailles en inox.
Les chercheurs avancent deux hypothèses pour expliquer la présence de ces polluants dans les pailles. Soit les Pfas sont ajoutés aux produits pour les rendre imperméables, comme c’est le cas des pailles en papier qui doivent être imperméabilisées pour pouvoir boire, soit les Pfas sont présents dès le début, ce qui signifie que les plantes, comme le bambou, ont poussé sur un sol contaminé.
Par extension, il est possible que les gobelets ou les assiettes en carton présentent le même problème. Il est donc temps de revoir notre consommation d’ustensiles jetables en privilégiant des alternatives plus respectueuses de la santé et de l’environnement.