F.OLIVER MAYERS, originaire de Montréal, vivre dans une ville bilingue est spécial. « C’est ‘bonjour-salut' », dit-il, se référant au salut hybride local. Environ les deux tiers des Montréalais utilisent régulièrement l’anglais au travail. « Vous pouvez faire les deux. »
D’autres disent que vous ne devriez pas. Le 13 mai, la coalition Avenir Québec, le parti conservateur responsable de l’Assemblée nationale du Québec, a présenté un projet de loi visant à renforcer le français comme seule langue officielle de la province. Il devrait entrer en vigueur d’ici la fin de l’année.
Le projet de loi dicte que les entreprises doivent avoir leurs enseignes principalement en français. De plus, les entreprises de 25 employés ou plus devront former des « comités de franchise » pour surveiller l’utilisation du français écrit et parlé. Le personnel abusant du subjonctif ne sera pas référé aux ressources humaines. Au moins pas encore.
Les nouveaux immigrants auront six mois pour apprendre la langue; après cela, toutes les lettres du gouvernement qui leur seront adressées seront en français. Le projet de loi cherche également à ajouter des clauses aux parties de la constitution canadienne qui font référence au Québec, le déclarant une « nation » au sein d’un Canada unifié.
Ce n’est pas la seule tentative de relancer les Français. Le 15 juin, le gouvernement fédéral a proposé un projet de loi pour sauvegarder la langue à l’échelle nationale. Le 20 juin, Nathalie Roy, ministre de la Culture du Québec, a annoncé que la plupart des musiques entendues lors d’appels à un organisme gouvernemental ou dans un édifice gouvernemental devraient désormais être faites au Québec et en français. (Lorsque la police est révélée, selon le La Gazette de Montréal, Mme Roy a évoqué une terrible injustice : « J’attendais sur la ligne téléphonique du ministère de la Culture et j’ai été stupéfaite d’entendre un Américain me chanter une chanson en anglais ».)
Peu de Québécois réclament l’indépendance. Après deux référendums, la plupart des Canadiens considèrent que l’affaire est close. Mais si la Cour suprême rejette la tentative de déclarer le Québec nation, cela pourrait raviver le désir d’autonomie, pense John McGarry de l’Université Queen’s en Ontario. Comme le Québec, la région espagnole de Catalogne a tenté de se définir comme une « nation » dans les statuts régionaux, mais la Cour constitutionnelle a estimé que le terme n’avait aucune valeur juridique.
Pendant ce temps, le projet de loi a été critiqué par les populations autochtones et anglophones. Marie-Claire Lafrenière, une mère anglophone de Terrebonne, se plaint qu’on lui a récemment dit de parler français lors d’un service au volant. « J’ai l’impression de vivre sous une dictature », dit-il, montrant le sens des proportions pour lequel le Québec est de plus en plus célèbre. ■
Cet article est paru dans la section Amériques de l’édition imprimée avec le titre « Laissez-les parler uniquement en français »