Trafic de drogue: la France compte 3952 points de vente

Au pied d’une tour, sous un portique ou dans une cage d’escalier, des jeunes tiennent les murs. En continu, les clients défilent et repartent avec quelques barres de cannabis ou des grammes de cocaïne… Cette scène se déroule tous les jours, un peu partout en France et dans des proportions jusqu’alors difficiles à mesurer.

Mais pour combattre un ennemi, il vaut mieux connaître ses forces et savoir les repérer. Durant l’été, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a donc demandé à ses services d’identifier tous les sites de trafic sur le territoire. «Nous pensons que c’est un bon marché lorsqu’une pharmacie est installée sur la voie publique et que la présence de détaillants est quotidienne», précise une source proche du dossier. Des policiers et des gendarmes ont ensuite relayé des informations sur les supermarchés et les pharmacies situés dans leur département au 103 Narcotics Intelligence Task Force (Cross).

Trafic de drogue: la France compte 3952 points de vente

Le résultat spectaculaire et inquiétant confirme l’ampleur de la tâche dans la lutte contre les stupéfiants, que la police entend mener, de l’international aux lobbies de la construction. D’après les chiffres que nous dévoilons en exclusivité, la France compte désormais 3 952 points deal. Cette collection inédite révèle l’ampleur du phénomène. En France métropolitaine, seules la Lozère et les Hautes-Alpes n’ont pas de points identifiés, selon le ministère de l’Intérieur. Ce n’est pas pour ça qu’on n’y trouve pas de cannabis, mais dans ces départements, la vente se fait plus par le bouche à oreille ou à la volée que dans un véritable point de vente fixe.

Seine-Saint-Denis, Rhône et Nord en tête

Au contraire, il n’est pas étonnant que même ici, les grands centres urbains soient beaucoup plus touchés par la présence de ces tabacs de haschich et de coke. Au sommet, ce sombre palmarès est la Seine-Saint-Denis qui compte 276 points de vente. «C’est le fléau numéro un du département, il souffle un magistrat en poste en 93. Il détruit une partie de la jeunesse attirée par l’argent facile. Certains jeunes n’imaginent même pas faire autre chose que traiter alors que cela ne peut conduire qu’à la mort ou à la prison. «Dans certains quartiers du département, dès qu’il y a une cage d’escalier, il y a un lieu de vente», grogne même un haut fonctionnaire pour qui le chiffre de 276 est une vision plutôt optimiste.

Le Rhône et le Nord complètent également le podium avec plus de 250 places où il est possible de s’approvisionner en produits narcotiques. Les autres départements d’Ile-de-France occupent également une place prépondérante dans le classement et comptent entre 66 stups à Paris et 128 dans le Val-d’Oise. « Dans les grandes villes, la clientèle est nombreuse et la drogue est l’activité criminelle la plus rentable », a déclaré un policier spécialisé. Le trafic fait vivre de nombreuses personnes et un point de vente peut générer jusqu’à 50 000 € par jour. « 

Plus surprenant, loin des grandes métropoles, certains départements ont une concentration importante. C’est notamment le cas du Vaucluse et du Loiret, détenteurs de plaques d’immatriculation parisiennes et marseillaises, où il y a respectivement 15 et 10 points de négociation pour 100 000 habitants. Outre-mer, Guadeloupe et Martinique sont également en gangrène, avec respectivement 129 et 50 points deal pour un peu plus de 350 000 habitants.

Trafic de drogue: la France compte 3952 points de vente

« Plus il y a de trafic, plus il y a de criminalité »

Une fois l’opposant identifié et quantifié, les autorités espèrent pouvoir mesurer plus précisément l’efficacité de leur lutte contre le trafic de drogue. Le nombre de postes répertoriés dans certains départements comme la Seine-Saint-Denis illustre la futilité d’une série de «plans anti-drogue» lancés par des gouvernements successifs avec des millions de dollars. Ces chiffres confirment également que les descentes de police interminables n’ont visiblement pas obstrué la circulation et les tracas qui en résultent au fil du temps.

«Les points de l’accord constituent une appropriation insupportable de l’espace public, estime le ministère de l’Intérieur. Les premières opérations sont utiles et déroutent les passeurs, mais si un point de l’accord doit être déplacé au même endroit trois jours plus tard, cela ne sert à rien. La lutte contre la drogue doit redonner de la sérénité à de nombreux habitants, qui souffrent de ces trafiquants de drogue, et réduire la criminalité en général. « 

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Des policiers spécialisés s’accordent donc pour affirmer que le trafic de drogue alimente le trafic d’armes, les règlements de comptes, mais aussi les vols ou vols à main armée lorsqu’un commerçant ou un consommateur doit rembourser ses dettes. «Plus il y a de trafic, plus il y a de délinquance», résume un spécialiste. Nous devons évidemment lutter contre les grands réseaux qui alimentent les points de l’accord, mais les enlèvements et les arrestations sont inutiles si nous ne sommes pas capables de garantir la paix des habitants de certains quartiers. « 

Trafic de drogue: la France compte 3952 points de vente

La course aux nombres

Dans les semaines à venir, certains lieux jugés « prioritaires » seront donc ciblés par les autorités avec l’ambition d’agir sur le long terme et d’éliminer réellement les lieux de passage. «Cela motivera les policiers, pense un haut responsable de la Seine-Saint-Denis, mais il craint une stigmatisation du département. Ils verront les résultats concrets de leur travail. Chaque mois, les policiers mettront alors à jour ces statistiques des plans de l’accord afin de analyser les conséquences sur la base d’une saisie massive ou d’une vague d’arrestations. «L’idée est bonne», estime le préfet d’un département dans lequel il y a plus de vingt points de vente. Il reste à mettre les moyens. . « 

Plus sceptiques, certains officiers de police de haut niveau voient cet outil statistique sans précédent comme un «outil technocratique». Au point, pour certains d’entre eux, de douter de la méthodologie et des chiffres. C’est le cas notamment dans les Bouches-du-Rhône, où les autorités locales ont identifié 140 points, « alors qu’à Marseille seulement il y en a deux fois plus », selon un haut responsable de la police. Surtout ces flics aguerris craignent que la lumière projetée sur les points de vente signera le retour de la politique du numéro.

Au point de pousser les policiers à se concentrer uniquement sur des offres faciles à démanteler pour améliorer leurs statistiques? « Pour lutter contre les stupéfiants, nous ne devons pas avoir une approche quantitative, mais qualitative », a déclaré le chef d’un service d’enquête. Si nous aimons démolir les petits réseaux pour générer des chiffres, nous renforcerons les plus grands. Entre un petit point d’accord qui rapporte 5 000 ou 10 000 euros par semaine et des poids lourds qui accumulent 50 000 euros par jour, ont des armes et n’hésitent pas à les utiliser, les enjeux ne sont pas les mêmes. Dans la lutte contre la drogue, les chiffres ne peuvent pas tout dire. « 

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Amelie Durand
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