L’agriculture et le tourisme en danger alors que la sécheresse hivernale assèche le lac de Montbel en France

L’agriculture et le tourisme en danger alors que la sécheresse hivernale assèche le lac de Montbel en France

PARIS (Reuters) – Situé dans les contreforts des Pyrénées, le lac de Montbel est célèbre dans le sud-ouest de la France pour ses eaux turquoises, sa taille énorme et sa vie aquatique florissante.

Mais à l’approche du printemps, le paysage de carte postale s’est largement transformé en un désert boueux, avec des bateaux de clubs de voile locaux bloqués sur ses rives alors que l’hiver le plus sec de France en 64 ans a empêché le lac de se remplir.

La France, comme la majeure partie de l’Europe, est en proie à une sécheresse hivernale qui suscite des inquiétudes croissantes quant à la sécurité de l’eau sur tout le continent.

Pour le mois de février, la région de l’Ariège, où se situe le lac de Montbel, a souffert d’un déficit pluviométrique de 80 %.

« Nous ne sommes actuellement qu’à… environ 25 % du taux de remplissage maximal. À cette période de l’année, nous sommes généralement plus proches d’un taux de remplissage de 60 % », a déclaré Xavier Rouja, qui gère le lac.

Le lac de Montbel est un lac artificiel qui s’étend sur 570 hectares et a été créé en 1985 en inondant ce qui était autrefois une zone boisée.

Le lac, à peu près à mi-chemin entre Toulouse et Perpignan, a été initialement créé pour irriguer les cultures de la région, mais au fil du temps, des campings et des sentiers de randonnée ont fleuri autour de ses rives, attirant des milliers de touristes chaque année.

En marchant sur le lit du lac asséché, le moniteur de voile Claude Carrière vérifie les voiliers échoués à quelques mètres de l’eau.

Son club a dû annuler plusieurs courses depuis janvier, car la surface réduite du lac n’est plus adaptée à la voile.

« Nous avons un plan d’eau magnifique quand il est plein. C’est fabuleux. C’est un havre de paix, un lieu de loisirs et de détente », a déclaré à Reuters Carrière, qui fait du bénévolat au club depuis le début des années 2000.

« Quand on le voit comme ça, c’est triste. Ça ressemble plus à un désert boueux qu’autre chose. Et ça nous brise le cœur. »

La direction du club cherche déjà à diversifier ses activités pour continuer à fonctionner lors des futures sécheresses.

« NOUS DEVONS S’ADAPTER »

En aval, les agriculteurs s’inquiètent avant le printemps et l’été.

« Le lac de Montbel, en fait, c’est la garantie des revenus… Si demain nous devons nous passer d’eau, beaucoup, beaucoup de nos exploitations s’effondreront et disparaîtront », a déclaré le patron de l’association régionale des agriculteurs irrigants, Christophe Mascarenc.

Mascarenc utilise l’eau de la rivière Ariège voisine et non du lac de Montbel. Cependant, il prévoit de réduire la production de maïs de 50 à 60 % cette année pour économiser l’eau.

D’autres dans la région se sont tournés vers des cultures moins gourmandes en eau, comme le sorgho, le tournesol ou encore la mandarine.

Les autorités travaillent également sur un plan visant à détourner la rivière Touyre à proximité pour aider à reconstituer le lac, bien que le projet se soit heurté à l’opposition de groupes environnementaux.

Alors que les effets du réchauffement climatique vont s’intensifier dans les décennies à venir, des saisons plus chaudes et plus sèches vont se généraliser, a indiqué le chef de la délégation interdépartementale de l’amont de la Garonne, Franck Solacroup.

« Le barrage de Montbel est représentatif de ce déficit (en eau) et de ce niveau de remplissage, qui est loin d’être optimal en début de saison », a-t-il déclaré.

« En 2022, nous avons vraiment eu des conditions qui seront la norme en 2050, à cause du changement climatique… C’est quelque chose auquel nous devrons nous habituer puis nous adapter. »

(Reportage par Manuel Ausloos et Noemie Olive, Montage par Dominique Vidalon et Alex Richardson)

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Yasmine Stone
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